(traduction de Jeanne Smits)
— Votre Excellence peut-elle nous dire quelle est son opinion à propos du Synode ? Quel est son message pour les familles ?
—
Au cours du Synode il y a eu des moments de manipulation de la part de
certains clercs qui tiennent des positions-clef sur la ligne éditoriale
et dans la gouvernance du synode. Le rapport d’étape ou relatio post disceptationis était
de toute évidence un texte préfabriqué qui ne faisait pas référence aux
des déclarations effectives des pères synodaux. Dans les paragraphes
concernant homosexualité, la sexualité et les « divorcés remariés »,et
leur accès aux sacrements, le texte est le reflet d’une idéologie
néo-païenne radicale. C’est la première fois dans l’histoire de l’Eglise
qu’un texte aussi hétérodoxe a été publié en tant que document émanant
d’une rencontre officielle des évêques catholiques sous la conduite d’un
pape, même si le texte n’avait qu’un caractère préliminaire
Grâce
à Dieu, aux prières des fidèles du monde entier, un nombre important de
pères synodaux a résolument rejeté ce programme ; ce programme qui
reflète la pensée dominante corrompue et païenne de notre temps, que
l’on impose au niveau global par la pression politique et à travers les
mass media officiels quasi tout-puissants, qui sont fidèles aux
principes du parti mondial de l’idéologie du genre. Un tel document
synodal, même s’il n’est que préliminaire, est une véritable honte. Il
donne une idée du degré d’extension de l’esprit du monde anti-chrétien
qui a déjà pénétré à un tel niveau dans la vie de l’Eglise. Ce document
restera pour les générations futures et pour les historiens une marque
noire qui a entaché l’honneur du siège apostolique. Heureusement le
Message des pères synodaux est un véritable document catholique qui
expose la divine vérité sur la famille sans se taire sur les racines
plus profondes des problèmes, c’est-à-dire la réalité du péché. Il
procure un vrai courage et une vraie consolation aux familles
catholiques. Quelques citations :
«
Pensons à la souffrance qui peut apparaître lorsque qu’un enfant est
handicapé, lors d’une grave maladie, lors de la dégénérescence
neurologique due à la vieillesse, lors de la mort d'une personne chère.
La fidélité généreuse de tant de familles qui vivent ces épreuves avec
courage, foi et amour est admirable, lorsqu’elles les considèrent non
comme quelque chose qui leur a été arrachée ou imposée, mais comme
quelque chose qui leur a été donné et qu'ils offrent à leur tour, voyant
en toutes ces personnes éprouvées le Christ souffrant lui-même. (…)
L'amour conjugal, unique et indissoluble, persiste malgré les nombreuses
difficultés des limites humaines, c’est l’un des plus beaux miracles,
bien qu’il soit aussi le plus commun. Cet amour se déploie au travers de
la fécondité qui n'est pas seulement procréation mais aussi don de la
vie divine dans le baptême, éducation et catéchèse des enfants. (…)Que
demeure sur vous la présence de la famille de Jésus, Marie et Joseph
réunis dans leur modeste maison. »
—
Les groupes qui attendaient un changement de l’enseignement de
'l’Eglise en ce qui concerne les questions morales (l’accès à la
communion des divorcés remariés ou une quelconque forme d’approbation à
l’égard des unions homosexuelles) ont probablement été déçus par le
contenu du rapport final, la Relation synodii. N’y a-t-il pas pourtant
un danger de voir l’ouverture au questionnement et à la discussion de
sujets fondamentaux pour l’enseignement de l’Eglise ouvrir la porte à de
graves abus, et à de nouvelles tentatives de revoir cet enseignement à
l’avenir ?
—
C’est un commandement divin, dans ce cas précis, le sixième
commandement sur l’absolue indissolubilité du mariage sacramentel, une
loi établie de façon divine, qui interdit à ceux qui se trouvent dans un
état de péché grave d’accéder à la Sainte Communion. C’est
l’enseignement de saint Paul dans sa Lettre inspirée par le Saint-Esprit
(1 Cor. 11, 27-30). Cela ne peut faire l’objet d’un vote, de même que
la divinité du Christ ne peut jamais être soumise à un vote. Une
personne qui se trouve encore dans les liens du mariage sacramentel
indissoluble, et qui en dépit de cela vit dans un état de cohabitation
marital stable avec une autre personne, ne peut pas être admise à
communier, en raison de la loi divine. Dire cela constituerait une
déclaration publique par l’Église légitimant de manière néfaste la
négation de l’indissolubilité du mariage chrétien, révoquant en même
temps le sixième commandement de Dieu : « Tu ne commettras pas
d’adultère. » Aucune institution humaine, pas même le pape ou un Concile
œcuménique, n’a autorité ou compétence pour invalider, même de la
manière la plus légère ou la plus indirecte, l’un des dix commandements
divins, ou les paroles divines du Christ : « Ce que Dieu a uni, que
l’homme ne sépare pas. »
En
dépit de cette vérité limpide qui a été enseignée de manière constante
et invariable – parce que non modifiable – à travers les âges par le
magistère de l’Église jusqu’à nos jours, par exemple dans Familiaris consortiode
saint Jean-Paul II, dans le Catéchisme de l’Église catholique et par le
pape Benoît XVI, la question de l’admission à la Sainte Communion de ce
que l’on appelle les « divorcés remariés » a été mise au vote au
synode. Ce fait est en lui-même déplorable et reflète une attitude
d’arrogance cléricale envers la divine vérité de la Parole de Dieu. La
tentative de mettre la divine Vérité et la divine Parole au vote n’est
pas digne de ceux qui, en tant que représentant du Magistère, ont le
devoir de transmettre avec zèle le dépôt divin, en serviteurs bons et
fidèles (cfMath 24, 45). En admettant les divorcés
remariés à la Sainte Communion ces évêques établissent une tradition
nouvelle, fruit de leur propre vouloir, et ils transgressent ainsi le
commandement de Dieu, ce pour quoi le Christ accusa jadis les Pharisiens
et les scribes.
Encore
plus grave est le fait que ces évêques tentent de justifier leur
infidélité à la parole du Christ au moyen d’arguments de nécéssité
pastorale, de miséricorde, d’ouverture à l’Esprit Saint. En outre ils ne
craignent pas de pervertir sans scrupule, à la manière gnostique, le
sens véritable de ces mots, tout en présentant ceux qui s’opposent à eux
comme rigides, scrupuleux ou traditionalistes. Au cours de la grande
crise arienne du IVe siècle, les défenseurs de la divinité du Fils de
Dieu était aussi taxés d’intransigeance et de traditionalisme. Saint
Athanase a même été excommunié par le pape Libère ; le pape a justifier
cela en arguant qu’Athanase n’était pas en communion avec les évêques
orientaux qui pour la plupart étaient hérétique ou semi-hérétiques.
Saint Basile le Grand declarait alors : « Aujourd’hui seul un péché est
sévèrement puni : l’observance attentive des traditions de nos pères.
Pour cette raison les bons sont renvoyés de chez eux et amenés au
désert. »
En
réalité les évêques favorables à la communion pour les divorcés
remariés sont les nouveaux Pharisien et les scribes, parce qu’ils font
fi du commandement de Dieu. participant au fait que du corps et du cœur
des « divorcés remariés » les adultères continue de procéder (Matth
15,19), parce qu’ils recherchent une solution extérieurement propre, et
qu’ils veulent être « propres » également aux yeux de ceux qui ont le
pouvoir : les médias, l’opinion publique. Mais lorsqu’il paraîtront
devant le tribunal du Christ, ils entendront sûrement, avec un grand
désarroi, ces paroles du Christ : « Au méchant aussi, Dieu s’adresse :
“Pourquoi rabâches-tu mes lois ? Tu as mon alliance à la bouche, mais tu
détestes l’instruction et tu rejettes mes paroles au loin, derrière
toi. A peine as-tu vu un voleur, tu deviens son complice, et puis, tu
fais cause commune avec les adultères.” » (Ps 50, 16-18).
Le
rapport final du Synode conserve aussi malheureusement le paragraphe à
propos de la communion pour les « divorcé remariés ». Bien qu’il n’ait
pas atteint les deux tiers des voix requis, demeure le fait inquiétant
et étonnant que la majorité absolue des évêques présents a voté en
faveur de la communion pour les divorcés remariés, triste reflet de la
qualité spirituelle de l’épiscopat catholique de nos jours. Il est
triste en outre que ce paragraphe, qui n’a pas obtenu l’approbation
requise de la majorité qualifiée, n’en demeure pas moins dans le rapport
final et qu’il sera envoyé à tous les diocèses en vue de discussions
supplémentaires. Cela ne fera qu’accroître la confusion doctrinale parmi
les prêtres et les fidèles, l’idée sera dans l’air que les
commandements divins et les paroles divines du Christ, ainsi que ceux de
l’apôtre Paul, sont susceptibles de modification par des groupes de
décision humains.
Un
cardinal qui a ouvertement et fortement soutenu l’idée de la communion
pour les « divorcés remariés »,et même les déclarations honteuses sur
les « couples » homosexuels dans le rapport d’étape, était mécontents du
rapport final ; il a déclaré avec impudence que « le verre est à moitié
plein ». Pour continuer l’analogie il a déclaré qu’il fallait
travailler afin que l’année prochaine lors du Synode, il soit plein.
Nous devons croire fermement que Dieu dissipera ces malhonnêtes,
d’infidélité et de trahison. Le Christ garde infailliblement la barre du
navire de son Eglise au milieu d’une telle tempête. Nous croyons et
nous mettons notre confiance dans le véritable chef de l’église, Notre
Seigneur Jésus-Christ, qui est la Vérité.
—
Nous vivons actuellement un paroxysme d’attaques contre la famille :
une attaque accompagnée d’une confusion terrible par rapport à l’humain
et à l’identité humaine. Malheureusement certains
membres de l’Église catholique, en parlant de ces sujets, expriment des
opinions qui contredisent l’enseignement de Notre Seigneur. Comment
devons-nous parler aux personnes qui sont victimes de cette confusion, pour raffermir leur foi et les aider sur le chemin vers la Rédemption ?
—
En ces temps extraordinairement difficiles le Christ purifie notre foi
catholique pour qu’à travers cette épreuve, l’Eglise finisse par briller
davantage et devienne réellement sel et lumière pour ce monde néo-païen
insipide, grâce à la fidélité et à la fois simple et pure des fidèles,
des petits de l’Église, de l’ecclesia docta, l’Église enseignée, qui en nos jour donnera force à l’ecclesia docens, l’Eglise enseignante, le Magistère, ainsi que cela s’est produit lors de la grande crise de la foi au IVe siècle.
[Mgr Schneider cite ici un long passage de Les ariens du 4e siècle du
Cardinal Newman sur le rôle des petits et des humbles pour la
sauvegarde de la foi : « L’époque des docteurs de l’Eglise, représentés
par les saints Athanase, Hilaire…, Augustin, qui auraient failli sans
eux » : « Et pourtant, au cours de cette même époque, ce sont les
fidèles bien plus que l’Episcopat qui ont proclamé et préservé la
tradition divine confiée à l’Eglise infaillible. » « Pendant cette
époque d’intense confusion, le dogme divin de la divinité de Notre
Seigneur était proclamé, respecté, maintenu, et (humainement parlant)
davantage préservé par l’Ecclesia docta que par l’Ecclesia docens. »]
Nous
devons encourager les catholiques de ordinaires à rester fidèles au
catéchisme qu’ils ont appris, à être fidèle aux claires paroles du
Christ dans l’Évangile, à être fidèles à la foi qui leur a été transmise
par leurs pères et leurs aïeux. Nous devons organiser des cercles
d’études et de conférences sur l’enseignement constant de l’Eglise sur
la question du mariage et de la chasteté, en y invitant spécialement les
jeunes et les couples mariés. Nous devons montrer la beauté même d’une
vie chaste, la beauté même du mariage chrétien et de la famille, la
grande valeur de la Croix et du sacrifice dans nos vies. Nous devons
présenter toujours davantage les exemples des saints et des personnes
exemplaires qui ont montré qu’ayant pourtant souffert les mêmes
tentation de la chair, et subi la même hostilité et la même dérision de
la part du monde païen, ils ont vécu avec la grâce du Christ une vie de
joie dans la chasteté, au sein du mariage chrétien et de la famille. La
foi, la foi pure et intégrale catholique et apostolique vaincra le
monde.
Nous
devons fonder et promouvoir des groupes de jeunes au cœur pur, des
groupes de familles, des groupes d’époux catholiques, qui s’engageront à
rester fidèle à leurs vœux matrimoniaux. Nous devons organiser des
groupes qui aideront moralement et matériellement les famille brisées,
les mères seules ; des groupes qui assisteront, par la prière et par les
bons conseils, les couples séparés ; des groupes de personnes qui
aideront les « divorcés remariés » à entamer un processus de conversion
sérieuse, en reconnaissant avec humilité leur situation de péché qui
viole le commandement de Dieu et la sainteté du sacrement de mariage.
Nous devons créer des groupes qui aideront avec prudence les personnes
ayant des tendances homosexuelles afin de les faire entrer sur le chemin
de la conversion chrétienne, ce chemin beau et joyeux d’une vie chaste,
et pour leur proposer éventuellement, de manière délicate, une aide
psychologique. Nous devons montrer et prêcher à nos contemporains de ce
monde néo-païen le pouvoir libérateur de la bonne nouvelle de
l’enseignement du Christ : que le commandement de Dieu, y compris le
sixième commandement, est sagesse et beauté.« La Loi de Dieu est
parfaite, elle nous redonne vie. Toutes ses affirmations sont dignes de
confiance. Aux gens sans détour elle donne la sagesse. Justes sont ses
exigences, elles font la joie du cœur ; et ses ordres, si limpides,
donnent du discernement. » (PS 19, 7-8.)
—
Au cours du Synode, Mgr Gądecki, archevêque de Poznan, et d’autres
distingués prélats ont publiquement exprimé leur désaccord avec le fait
que les résultats des discussions s’éloignaient de l’enseignement
constant de l’Eglise. Existe-t-il un espoir qu’au milieu de cette
confusion, il y ait un réveil des membres du clergé et des fidèles qui
ignoraient jusqu’ici qu’au sein même de l’Eglise il y a des personnes
qui sapent l’enseignement de notre Seigneur ?
—
Il est certainement tout à l’honneur du catholicisme polonais que le
président de la Conférence épiscopale, Son Excellence, Mgr Gądecki, ait
défendu avec clarté et courage la vérité du Christ sur le mariage et la
sexualité humaine, se montre ainsi un vrai fils spirituel de saint
Jean-Paul II.
Le
cardinal Georges Pell a bien décrit le programme sexuel libéral et le
soutien prétendument miséricordieux et pastoral à la communion pour les
divorcés remariés que l’on a vu au cours du Synode, disant que il ne
s’agit que de la pointe de l’iceberg et d’une sorte de cheval de Troie
dans l’Eglise. Qu’au sein même de l’Eglise, il existe des personnes qui
sapent l’enseignement de Notre Seigneur est devenu un fait visible pour
le monde entier, grâce à Internet et au travail de certains journalistes
catholiques qui n’était pas indifférents à ce qui se arrivait à la foi
catholique qu’ils considèrent comme le trésor du Christ. J’ai été
heureux de voir que certains journalistes catholiques et bloggueurs se
sont comportés en bons soldats du Christ en attirant l’attention sur ce
programme clérical de sape de l’enseignement pérenne de Notre Seigneur.
Les
cardinaux, les évêques, les prêtres, les familles catholiques, les
jeunes catholiques doivent se dire : « Je refuse de me conformer à
l’esprit néo-païen de ce monde, même lorsque cet esprit est répandu par
certains évêques et certains cardinaux, je n’accepterai pas leur
utilisation fallacieuse et perverse de la sainte miséricorde divine et
d’une « nouvelle Pentecôte », je refuse de jeter des grains d’encens
devant la statue de l’idole de l’idéologie du genre, devant l’idole du
remariage, du concubinage, même si mon évêque devait le faire, je ne
leferai pas ; avec la grâce de Dieu je choisirai de souffrir plutôt que
de trahir l’entière vérité du Christ sur la sexualité humaine et sur le
mariage. »
Ce sont les témoins qui convaincront le monde, et non les professeurs, a dit le bienheureux Paul VI dans Evangelii nuntiandi.
L’Eglise et le monde ont vraiment besoin de témoins intrépides et
sincère de la vérité intégrale du commandement et de la volonté de Dieu,
de la vérité intégrale des paroles du Christ sur le mariage. Les
Pharisiens et les scribes cléricaux modernes, ces évêque et ces
cardinaux qui jettent des grains d’encens devant les idoles néo-païennes
de l’idéologie du genre et du concubinage, ne persuaderont personne à
croire au Christ ou à être prêts à offrir leur vie pour le Christ. En
vérité, « veritas Domini manet in aeternum » (Ps 116,
la vérité du Seigneur demeure pour toujours), « le Christ est le même
hier aujourd’hui et pour toujours »(Héb 13,8), et « la vérité vous
rendra libres » (Jn 8, 32). Cette dernière phrase était l’une des
citations de la Bible préférées de saint Jean)-Paul II, le pape de la
famille. Nous pouvons ajouter : la vérité divine révélée et transmise
sans changement sur la sexualité humaine et le mariage apportera la
vraie liberté aux âmes, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Eglise. Au
milieu de la crise de l’Eglise et du mauvais exemple moral et doctrinal
de certains évêques de son temps, saint Augustin réconfortait les
simples fidèles avec ces paroles de : « Quels que nous soyons, nous évêques, vous êtes en sécurité, vous qui avez Dieu pour père et son Eglise pour mère » (Contra litteras Petiliani III, 9-10).